Celui que l’on appela le «  dernier des surréalistes  », ami de Federico García Lorca, de Salvador Dali, d’André Breton, de Marcel Duchamp, de Arshile Gorky et de tant d’autres personnages qui ont marqué les arts visuels et la littérature du XXe siècle, était un peintre engagé et défenseur des droits de l’homme. Matta commence des études d’architecture à Santiago du Chili. En 1933, il abandonne sa carrière pour s’installer en France.À la demande de Salvador Dalí, il va voir André Breton qui l’adopte aussitôt.Ils me dirent :

« Tu es surréaliste ! Je ne savais même pas ce que cela voulait dire… »

Il semble que la présence d’Yves Tanguy soit particulièrement importante dans la formation de Matta à ce moment. À la même époque, il peint une série de tableaux pour laquelle il expérimente une technique nouvelle : avec un chiffon, il étale la couleur sur la toile, qui, ainsi étalée, décide du tracé ultérieur du pinceau. Il se rapproche du procédé d’écriture automatique. Il appelle cette série « Morphologies psychologiques ».

Il part à New York à la demande de Marcel Duchamp pour fuir la guerre. Six mois après son arrivée, il expose pour la première fois aux États-Unis à la galerie Julien Levy, spécialisée dans le surréalisme. Matta commence à travailler avec des pigments phosphorescents pour donner la possibilité à ses toiles de produire des images qui varieront selon la longueur d’onde de l’éclairage. Il s’inspire de la presse scientifique et se passionne pour la physique relativiste et les théories liées à la quatrième dimension. Il illustre également d’une gueule de lamproie la couverture du no 4 de la revue surréaliste VVV en février 1944. Il donne des conférences à la New School of Social Research et reçoit beaucoup de jeunes Américains dans son atelier, dont Jackson Pollock. En octobre 1948, il est exclu du groupe surréaliste. Breton le soupçonne d’une liaison avec la femme du peintre Arshile Gorky, cause de son suicide. Matta retourne alors au Chili. Il publie un texte insistant sur le « rôle de l’artiste révolutionnaire, qui doit redécouvrir de nouvelles relations affectives entre les hommes». Matta est très à l’aise dans les très grands formats ; ses toiles font souvent plusieurs mètres de long, voire 10 mètres et parfois davantage. En 1968, il réalise des environnements en couvrant les murs et les plafonds du musée d’Art moderne de la Ville de Paris avec ses toiles.
La même année, en janvier, Matta participe au premier congrès culturel de La Havane, à Cuba. En France, il prend une part active aux événements de mai.Après le coup d’État  au Chili du 11 septembre 1973, il coupe tout lien avec son pays natal :
« C’est cet exil qui a déterminé toute ma vie, entre deux cultures. Mon travail est un travail de séparation. De l’exil, je suis passé à « l’Ex-il », quelque part entre le connu et l’inconnu, entre la réalité et l’imaginaire. Là où commence la poésie.»

 

 

Personnage, circa 1985
Bronze à patine brune
3/3 40 cm
Personnage, circa 1985 Bronze à patine brune 3/3 40 cm